De tortues en aiguilles

De tortues en aiguilles

ENVIRONNEMENT - Un réseau d'experts sur la biodiversité va être créé...

                

La tortue égyptienne, une espèce en voie de disparition, Rome, le 22 mai 2007. T. GENTILE / REUTERS

ENVIRONNEMENT - Un réseau d'experts sur la biodiversité va être créé...

Le débat durait depuis deux ans: faut-il créer une plateforme de recherche scientifique sur la biodiversité, à l’image du GIEC pour le climat? 90 pays ont décidé d’un commun accord de donner naissance à ce nouvel organisme, vendredi 11 juin à Pusan en Corée du Sud, lors d’une réunion sous l’égide des Nations Unies.

La Plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques (IPBES) sera officiellement créée après un vote de l’Assemblée générale des Nations Unies, en septembre.

Des données scientifiques crédibles

A l’image du GIEC, l’IPBES aura pour mission de fournir des données scientifiques précises sur l’érosion de la biodiversité dans le monde, dans le but d’aider les gouvernements à lutter contre la disparition d’espèces animales et végétales.

Afin d’éviter les attaques dont a été victime le GIEC, les études sur lesquelles l’IPBES s’appuiera devront être «crédibles scientifiquement, indépendantes et revues par des pairs». Exit les études produites par des ONG, qui resteront de simples observateurs et ne pourront pas saisir directement l’IPBES.

«Ce n’est pas une histoire de fleur bleue»

Le gouvernement français a été un des plus fervents défenseurs de la création de l’IPBES. Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat à l’Ecologie, s’est félicitée de la naissance de cette plateforme: «C’est une étape décisive, un vrai progrès, a-t-elle déclaré à l’AFP. Il faut qu’on prenne enfin conscience que la disparition de la biodiversité ce n’est pas une histoire de fleur bleue, mais une histoire déterminante pour le développement, une question de sécurité».

50.000 à 100.000 espèces disparaissent chaque année dans le monde, et les scientifiques estiment que la moitié des espèces vivantes que nous connaissons pourrait disparaître d’ici un siècle. Ce rythme de disparition est de 100 à 1.000 fois supérieur au rythme naturel, et remet en question l’équilibre des écosystèmes et l’utilisation par l’Homme des ressources naturelles pour la médecine ou l’alimentation.

Inscrire la biodiversité dans l’agenda politique

Pourtant, des solutions existent pour enrayer ce phénomène: création d’aires protégées reliées entre elles par des corridors verts, restauration d’écosystèmes, agriculture biologique, limitation de l’étalement urbain,... Mais pour cela, il faut une volonté politique qui puisse s’appuyer sur des chiffres fiables afin de mesurer l’atteinte des objectifs.

Ce sera la mission de l’IPBES: «On attend de cet organisme qu'il apporte un consensus sur l'état de dégradation de la biodiversité et surtout qu'il mesure notre dépendance, en termes de développement, à l'égard de la biodiversité, a expliqué Chantal Jouanno. Le problème de la biodiversité, c'est de ne s'être jamais complètement inscrite dans l'agenda politique: le lien avec le développement n'a jamais été fait et donc la biodiversité a toujours été écartée du débat politique». Avec l’IPBES, la communauté internationale n’aura plus d’excuses pour ignorer l’extinction massive des espèces. 

Audrey Chauvet 20minutes.fr 


15/06/2010
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